Frédéric Turin : “Les réseaux de chaleur sont l’avenir du chauffage”

Frédéric : Turin “Les réseaux de chaleur sont l’avenir du chauffage”Frédéric Turin est directeur général adjoint de Coriance, la plus récente des sociétés d’exploitation de chauffage urbain. Selon lui, les réseaux de chaleur sont le meilleur moyen d’assurer la compétitivité des énergies renouvelables.

Pouvez-vous nous présenter votre société ?

Coriance est une société récente – elle a été créée il y a une quinzaine d’années – qui connaît, depuis sa création, une croissance ininterrompue. Cette croissance s’est même accélérée ces dernières années. Aujourd’hui Coriance emploie environ 300 collaborateurs en France sur ses deux métiers. Le premier est historique et majoritaire : l’exploitation et la gestion des contrats des réseaux de chaleur. Le second, qui concerne les services en efficacité énergétique, s’est développé plus récemment.

Quelles sont les spécificités de Coriance ?

Par rapport à nos principaux concurrents, la grande différence est que nous sommes une entreprise à taille humaine. De ce fait, la relation que nous entretenons avec nos clients se fait dans une vraie proximité. Nous nous distinguons aussi par une totale indépendance vis-à-vis des grands groupes énergéticiens. Par ailleurs, nous sommes réellement une entreprise spécialisée dans les réseaux de chaleur. Ce n’est pas une partie de notre activité ; c’est notre activité à plus de 90 %. Dans ce cadre, nous privilégions le recours aux énergies renouvelables : nous exploitons le parc le plus vertueux de notre profession avec plus de 60 % d’énergie renouvelable dans notre mix énergétique, auxquels s’ajoutent 20 % produits à partir de cogénération.

Quelles sont vos dernières opérations remarquables ?

Pour le Grand Dijon, nous convertissons et développons le réseau de chauffage urbain du quartier de la Fontaine d’Ouche et de la commune de Chenôve afin d’en faire l’un des réseaux les plus importants de Bourgogne en matière de valorisation de biomasse. Nous sommes également en cours de réalisation de la conversion à la biomasse du réseau de chaleur de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime). En ce qui concerne les réseaux de froid, nous mettons en œuvre une opération assez originale à Toulouse : à partir d’une usine d’incinération d’ordures ménagères, nous transformons la chaleur en froid pour climatiser les bâtiments du nouveau quartier de la Cartoucherie.

Les réseaux de froid vous apparaissent-ils suffisamment développés en France ?

Clairement non, ils sont sous-utilisés. Il serait temps de mener une réflexion sur leur développement, car ils offrent, comme les réseaux de chaleur, l’intérêt de mettre en commun des moyens de production. Cela présente de nombreux avantages dont celui de rendre plus accessible la mise en oeuvre d’énergies renouvelables. Selon nous, ils possèdent un grand potentiel, qu’il convient d’explorer avec l’aide de techniques innovantes telles que celle que nous avons mise en place à Toulouse.

Quant au développement des réseaux de chaleur, quels sont les freins que vous constatez sur le terrain ?

Le principal est celui qui consiste à réfléchir sur le court terme. La situation énergétique et économique du moment veut que le prix des énergies fossiles soit exceptionnellement bas. La tentation est grande de raisonner en regard de cette conjoncture. Hélas, car c’est à une échelle de temps plus longue qu’il faut raisonner, à une échelle où les énergies renouvelables (ENR) peuvent et doivent devenir économiquement performantes. Or, les réseaux de chaleur sont le meilleur moyen de tendre vers cette performance.

L’avenir est donc à eux ?

En tout cas, ils ont deux avantages majeurs. Le premier est cette compétitivité sur le long terme des ENR que je viens d’évoquer. L’autre est qu’il s’agit d’un système multi-énergies. Ils sont donc flexibles, car on peut, à tout moment, changer d’énergie et utiliser la plus vertueuse et la plus rentable. Si vous ajoutez à ce système la mutualisation des coûts et des moyens, vous obtenez à terme une garantie de stabilité des prix. C’est une assurance que les énergies fossiles ne sont pas en mesure de fournir puisqu’elles sont volatiles, soumises à de nombreux aléas économiques qui dépassent le cadre local. De ce point de vue, oui, les réseaux de chaleur sont l’avenir du chauffage.

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