Après avoir évoqué quelques réseaux de chaleur en France (Auxerre ou Montpellier par exemple) et en Europe (Helsinki), DHC News vous emmène au Nord de l’Europe, à Göteborg, pour découvrir un réseau de chaleur alimenté principalement par l’énergie issue de l’incinération des déchets et des raffineries. Une prouesse technologique qui s’étend sur 410 kilomètres et alimente en chaleur 90 % des logements collectifs de la zone !
Göteborg en bref
Ville côtière du Sud-Ouest de la Suède, l’agglomération de Göteborg s’étend sur 450 km2. 522 200 personnes y vivent. Son aire urbaine, par ailleurs, rassemble plus de 900 000 habitants. Deuxième localité du pays, après Stockholm, par l’importance de son poids démographique ainsi que par son activité économique et son industrie, Göteborg est également la cinquième ville des pays nordiques (un ensemble regroupant le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède) et la plus grande qui ne soit pas une capitale.
Un réseau de chaleur né dans les années 1950
À Göteborg, l’idée de chauffer les habitants grâce à un réseau de chaleur ne remonte pas à hier. Le développement de son réseau se fait en effet depuis le milieu des années 1950, alors qu’auparavant, le gaz était la matière première principalement utilisée.
Le réseau de chaleur de Göteborg est placé sous la responsabilité de Göteberg Energi, une SA – séparée de la Ville depuis 1980 mais appartenant malgré tout à la municipalité – qui reste aujourd’hui encore le principal fournisseur d’énergie de l’Ouest de la Suède. Sa mise en service offre des résultats incontestables : depuis 1985, les émissions de soufre ont été réduites de 99 % et celles d’oxyde d’azote de 89 %.
Le réseau de chaleur de Göteborg en trois points
Vous voulez tout savoir en quelques minutes sur le réseau de chaleur de Göteborg ? Voici les caractéristiques principales de cet équipement, regroupées en trois informations incontournables :
- Intégré au programme Celsius Smart Cities – une coordination des principaux influenceurs des grandes villes européennes, visant à développer les réseaux de chaleur – le réseau de chaleur de Göteborg est interconnecté. Il relie le Nord et le Sud de la région, s’étend sur une longueur de 410 kilomètres, pour un total de 1 200 km de canalisations.
- Grâce à ses 19 sites de production, répartis sur toute la région, le réseau de chaleur de Göteborg dessert 90 % des logements collectifs de l’aire urbaine ainsi que 20 % des maisons individuelles. Il fournit environ 0,3 MTep de chaleur. Le prix de la chaleur délivrée à Göteborg est d’environ 60 euros par MWh en moyenne. À titre de comparaison, il est d’environ 76 euros par MWh pour les réseaux de chaleur en France, selon une enquête réalisée par l’Amorce. À noter, le prix de la chaleur est modulé selon quatre choix. Ceux-ci vont de la location de l’échangeur (le choix fait par la plupart des locataires de logement) à l’achat de celui-ci, avec deux options intermédiaires.
- Le réseau de chaleur de Göteborg utilise, pour moitié, la chaleur récupérée de l’incinération des déchets et des raffineries, ainsi que des biocombustibles et pompes à chaleur installées dans les eaux usées. Son mix énergétique est ainsi à plus de 80 % issu de sources renouvelables ou de récupération. Un excellent exemple d’utilisation de la chaleur fatale !
Plus de déchets pour les UIOM ?
La Suède fait véritablement office de premier de la classe au niveau du recyclage : 1 % seulement des déchets suédois terminent dans les bacs à ordures ménagères, contre 38 % des ordures ménagères des autres pays d’Europe. Mais cette conscience éco-responsable implique déjà des changements dans l’alimentation des usines d’incinération de la capitale : l’importation. Stockholm a d’ores et déjà importé 800 000 tonnes d’ordures ménagères, notamment en provenance de la Norvège. Une preuve de plus que la valorisation des déchets est un secteur en pleine expansion.
Une initiative originale : un bateau connecté au réseau de chaleur
Depuis le début de l’année 2015, le réseau de chaleur de Göteborg innove et prouve, s’il le fallait, que la ville reste à la pointe de l’innovation en matière de distribution de la chaleur. Le Stena Danica – un bâtiment de 155 mètres de long qui transporte jusqu’à 2 274 passagers et 550 voitures par jour entre Göteborg et Frederikshavn au Danemark – se branche en effet au réseau de chaleur la nuit. Une innovation, puisque c’est la première fois au monde qu’un transbordeur est connecté à un système de chauffage urbain.
Cela lui évite de devoir faire tourner ses moteurs au ralenti pour fournir l’électricité nécessaire au chauffage – un processus consommant du carburant et produisant du dioxyde de carbone. Une telle idée, lancée dans le cadre du projet Celsius Smart Cities, permet à la ville d’éviter quelque 500 tonnes par an d’émissions de dioxyde de carbone.
Avec son réseau de chaleur alimenté principalement par de l’énergie récupérée dans les processus d’incinération des déchets et des raffineries, la ville de Göteborg prouve que les pays du Nord de l’Europe restent la référence en matière de réflexion concernant les réseaux de chaleur. Il y a clairement, pour le reste du continent, matière à s’inspirer !
Source de l’image à la Une : Flickr (Quique)