En France, la méthanisation se développe petit à petit : une partie du réseau de transport de gaz est même désormais alimentée en biogaz ! Certes, cela ne concerne qu’un point d’injection (situé à Chagny, en Saône-et-Loire) et une seule usine (Terreal, un fabricant de tuiles), mais il s’agit tout de même d’une avancée notable. Qui pourrait bientôt concerner pleinement les réseaux de chaleur. Vous souhaitez en savoir plus sur la méthanisation ? DHC News répond aux 5 questions que vous vous posez probablement sur cette technologie.
La méthanisation, qu’est-ce que c’est ?
La méthanisation, ou digestion anaérobie, est une technologie basée sur la dégradation d’une matière organique par des micro-organismes. Cela se déroule dans des conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène, d’où le nom de digestion anaérobie – au contraire du compostage, qui est une réaction chimique aérobie (en plein air).
La méthanisation produit deux types d’éléments :
- Le digestat, un produit humide, riche en matière organique partiellement stabilisée. Le digestat peut éventuellement passer par une phase de maturation par compostage, puis retourner au sol.
- Le biogaz, un mélange gazeux saturé en eau et composé de 50 à 70 % de méthane (CH4), de 20 à 50 % de gaz carbonique (CO2) et de traces d’autres gaz – l’ammoniac (NH3), le diazote N2 et l’hydrogène sulfuré (H2S).
Les principaux avantages de la méthanisation ? Ce procédé ne produit que peu de gaz à effet de serre ; il diminue également la quantité de déchets organiques à traiter par d’autres filières ; il offre une double valorisation de la matière organique et de l’énergie.
Reste cependant deux inconvénients principaux : le coût des installations (l’installation de méthanisation de Chagny a par exemple nécessité un investissement de 44 millions d’euros et dix ans de préparation) et la difficulté à s’assurer une suffisance des ressources à méthaniser.
Quels sont les déchets concernés ?
Les déchets pouvant faire l’objet d’une méthanisation sont très nombreux. Ils peuvent en effet être d’origine :
- agricole : déjections animales, résidus de récoltes…
- agro-industrielle : abattoirs, caves vinicoles, laiteries, fromageries…
- industrielle : sites de productions chimiques, pharmaceutiques…
- municipale : tontes de gazon, ordures ménagères…
Pour faire simple, toutes les matières organiques sont susceptibles d’être décomposées par méthanisation et de produire du biogaz !
Que faire avec le biogaz obtenu par méthanisation ?
La méthanisation peut servir à de nombreux process. Le premier : la production de chaleur. Le biogaz présente en effet une efficacité énergétique intéressante, tant que le besoin en chaleur est important et situé à proximité afin de limiter les coûts de transport. Ensuite, le biogaz peut permettre de produire de l’électricité – bien que le rendement énergétique soit plus faible.
Notez que le biogaz peut également servir à produire, par cogénération de l’électricité et de la chaleur. Il s’agit d’ailleurs là de la valorisation la plus courante du biogaz. L’électricité est produite grâce à un générateur. La chaleur produite est ensuite récupérée – en général – au niveau du système de refroidissement.
Quatrième “option”, une utilisation comme carburant pour véhicule. Il doit alors subir une série d’étapes d’épuration/compression. Si cette possibilité est beaucoup plus développée dans le Nord de l’Europe, la France devrait suivre rapidement.
Enfin, le biogaz peut être injecté sur le réseau de gaz naturel. Là encore, ce sont les pays du Nord de l’Europe (Suède, Pays-Bas, Allemagne…) qui sont les plus en la pointe en la matière.
Où en est-on de l’utilisation du biogaz en France et en Europe ?
Elle progresse ! En 2012, 241 sites de production et de valorisation du biogaz étaient recensés sur le continent par l’Atlas Biogaz. On en compte aujourd’hui au minimum 848, dont 578 en France. La méthanisation entre incontestablement dans les mœurs ; la France a d’ailleurs accueilli en mars 2015 le salon Biogaz Europe.
S’agissant des réseaux de chaleur, les exemples tricolores à grande échelle sont encore peu nombreux. Le biogaz ne représente ainsi que 2,6 % de la consommation finale d’énergies renouvelables thermiques pour la production de chaleur. Il existe néanmoins plusieurs exemples de petits réseaux de chaleur alimentés par du biogaz, par exemple ceux de Pernay, en Indre-et-Loire, dont profitent 1 000 habitants, et Plessis-Gassot, où 23 foyers sont alimentés par le gaz issu d’une décharge d’ordure ménagère.
Le biogaz constitue donc une source d’énergie crédible pour l’avenir, à condition de régler quelques contraintes techniques. Mais ce n’est probablement, comme souvent en matière d’innovation, qu’une question de temps !
Source de l’image à la Une : Dirk Schmidt (wikimedia commons)