Grenoble, la plus grande métropole des Alpes, est équipée du deuxième plus gros réseau de chaleur de France. Une ascension vertigineuse pour la ville de montagne qui, depuis l’installation de son réseau dans les années 60, a réussi à réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre provenant du chauffage. Focus sur ce modèle particulier dans le paysage français.
Le réseau de chaleur grenoblois est le plus important de France après celui de Paris. Une réussite qui se traduit avec des chiffres impressionnants : 161 km de réseau, 1033 stations de relais, alimentant l’équivalent de 92 500 logements. Ce n’est pas étonnant lorsqu’on apprend que les premiers pas du réseau de chaleur à Grenoble datent de 1960.
Un réseau unique en son genre
Constitué au départ de plusieurs réseaux aux sources d’énergie différentes, il a été fusionné en un seul maillage dans les années 70. Un cas unique en France comme le souligne Philippe Clolot, directeur technique et production à la CCIAG (Compagnie de Chauffage de Grenoble) : « En terme de réseau de distribution de chauffage, la particularité de Grenoble, c’est son maillage structurant qui permet une optimisation économique et environnementale des sources énergétiques ». En effet, le réseau grenoblois englobe de nombreuses sources d’énergie : déchets (31,1%), charbon (25,6%), bois (20,1%), gaz naturel (17%), fioul tbts (3,7%), farine animale (2,5%)… De quoi couvrir les besoins d’un tiers de la population de l’agglomération grenobloise. Aujourd’hui, le réseau de chaleur public dessert 6 communes : Grenoble, Echirolles, Eybens, Pont-de-Claix, La Tronche et Saint-Martin-d’Hères.
Dernière particularité : le point central du réseau est l’usine de tri, recyclage, et incinération des déchets nommée Athanor. « L’usine d’incinération est au cœur du fonctionnement du réseau, c’est ce qui est un atout formidable du chauffage urbain de Grenoble », explique Philippe Clolot. En effet, plus de 100 000 tonnes de déchets sont incinérés à Athanor chaque année et la vapeur produite par l’incinération alimente le réseau de chauffage urbain.
Un développement continu
Le réseau de chaleur grenoblois continue encore aujourd’hui à s’étendre. Sur la période 2012-2013, le réseau a gagné 2,6km de longueur, avec le raccordement du Centre Départemental de Santé de Grenoble, du Musée Géo-Charles d’Echirolles, et de la Clinique Belledonne de Saint-Martin-d’Hères, entre autres. Il gagne en moyenne 2 à 4 MwH par an. “Notre objectif est de densifier notre réseau. Nous travaillons donc sur toutes les opportunités de développement urbainproches du réseau”, précise Philippe Clolot. L’objectif pour la compagnie de chauffage ? Atteindre les 55% de taux d’ENR (pourcentage d’énergie renouvelable et de récupération vis-à-vis de la quantité d’énergie produite globalement) en augmentant le nombre de générateurs (17 en 2014) dans les prochaines années, suivant l’avancée des projets. Pour l’instant, l’émission de gaz à effet de serre dans l’agglomération grenobloise est équivalente en moyenne à 126 grammes par kWh.
Projets en cours et ambitions
Plusieurs projets sont d’ores et déjà en cours dans l’agglomération grenobloise avec l’arrivée d’un raccordement basse pression pour la DIAC de Châtelet, et le réaménagement de la ZAC Flaubert dont l’îlot Nord sera desservi par le réseau de chauffage urbain. Côté recherche, la CCIAG travaille sur le refroidissement des énergies à la sortie des usines pour éviter les pertes, mais aussi sur le stockage d’énergie renouvelable la nuit pour une consommation le jour. Cette dernière technique sollicite moins les générateurs (utilisant une énergie fossile) car il y a moins d’appels de puissance.
La ville de Grenoble s’attache donc autant au développement du réseau qu’à la recherche pour une production plus économique d’énergie renouvelable. Elle se veut aussi une ville de concertation et de réflexion avec la création en 2013 d’un “comité des usagers”. Il rassemble l’ensemble des acteurs du chauffage urbain, et de nombreux projets et avenants à la construction impliquant autant la collectivité que les usagers. Une preuve que le chauffage urbain est l’affaire de tous, et celui de Grenoble, un exemple à suivre.
Source de l’image à la Une : Flickr (Laurent Espitallier)