Guillaume Planchot : « Les réseaux de chaleur, une solution d’avenir »

Guillaume Planchot : "Les réseaux de chaleur, une solution d’avenir"

Mieux prendre en compte l’usager, améliorer la visibilité des réseaux de chaleur, convaincre de leur efficacité par des réalités exemplaires ou encore inscrire la transition énergétique dans le long terme… Tels sont les thèmes qu’évoque pour nous Guillaume Planchot, président de l’association Via Sèva depuis 2010.

Qui est Via Sèva ?

Via Sèva est une association qui regroupe l’ensemble des acteurs présents sur un réseau de chaleur, de l’autorité délégante à l’utilisateur final. Autrement dit, elle regroupe les collectivités territoriales, les opérateurs, les équipementiers, les prescripteurs et les associations d’usagers. Via Sèva intervient avant tout sur des actions de pédagogie et d’information susceptibles de mettre en avant les atouts techniques, environnementaux et économiques des réseaux de chaleur.

Quels sont les principaux enseignements de l’enquête* que vous avez présentée lors de la 10e Rencontre des réseaux de chaleur ?

Le constat est assez simple. Un Français sur dix – seulement – connaît les réseaux de chaleur. Paradoxalement, dès qu’ils sont informés ou à partir du moment où ils sont utilisateurs d’un réseau, les Français y adhèrent. Ils comprennent alors très vite les atouts et les intérêts de s’associer autour d’un système de chauffage collectif, notamment en ce qui concerne la mutualisation des coûts et la capacité de mutation rapide aux énergies renouvelables. Ils y voient clairement une solution d’avenir.

Pourquoi sont-ils aussi peu informés ?

Parce qu’il s’agit d’un système encore peu développé en France, et donc peu visible. Les réseaux de chaleur ne couvrent que 6 % des besoins en chauffage, là où la moyenne européenne est de 13 %. En Europe du Nord, certains pays sont même alimentés à plus de 50 % par ces réseaux ! L’autre raison que l’on peut invoquer est le manque de communication et de capacité à promouvoir cette solution énergétique. Nous sommes dans une configuration BtoB : la collectivité délègue le service à un opérateur, qui est lui-même en relation avec un syndic ou un bailleur social. Il n’existe pas de lien contractuel avec l’usager final. Il ne perçoit donc pas immédiatement la relation qu’il peut avoir avec le réseau auquel il est affilié.

Comment améliorer la visibilité de ces réseaux ?

Il faut d’abord poursuivre dans la voie qui consiste à bien séparer la problématique de l’électricité de celle de la chaleur. En France, dès qu’on parle énergie, on parle électricité, et dès qu’on parle électricité, on parle nucléaire. On focalise trop sur cet aspect du nucléaire alors que la chaleur n’a pas les mêmes usages. Ensuite, tous les acteurs de la filière doivent parvenir à se mobiliser et à mobiliser des ressources financières suffisantes pour des actions de communication auprès du grand public. Aujourd’hui, il est clair que nous ne sommes pas en mesure de rivaliser sur ce plan avec les autres énergies, plus traditionnelles. Enfin, nous devons poursuivre nos efforts en ce qui concerne la réalisation de cas concrets et exemplaires, démontrer par le réel les multiples atouts des réseaux de chaleur.

L’usager peut-il agir lui aussi ?

Il le peut en s’orientant vers le gestionnaire de son immeuble, le syndic ou le bailleur social. Davantage encore, en sensibilisant ses élus qui ont la compétence en la matière. Une ambiguïté révélée par notre enquête est que si l’usager souhaite que les pouvoirs publics mettent à sa disposition toutes les informations sur les différents modes de chauffage ; il ne souhaite pas, en revanche, que la collectivité décide pour lui. Il veut garder une certaine autonomie dans la décision.

Quelles sont les priorités pour développer les réseaux de chaleur ?

La première est de maintenir les mécanismes de soutien que sont le Fonds chaleur ou les certificats d’économies d’énergie. Le développement des réseaux de chaleur passe avant tout par les énergies renouvelables, par de la substitution carbone. Or, la transition énergétique, c’est du long terme. Changer d’énergie, cela prend des années. C’est pourquoi il faut soutenir la transition énergétique par des dispositifs réglementaires ou fiscaux. Idéalement, il faudrait que le carbone soit plus cher ou plus taxé. Aujourd’hui, le gaz est peu cher, le fioul également et le quota carbone est quasiment gratuit. Ces soubresauts économiques sont conjoncturels mais peu favorables. Face à cela, la décentralisation énergétique et la planification énergétique territoriale peuvent être des outils efficaces de substitution. Enfin, il faut plus communiquer, et surtout mieux communiquer.

* Il s’agit du « Baromètre du chauffage en France » réalisé par Via Sèva et de l’enquête IPSOS, « Qu’attendent les Français de leur chauffage », 2014.

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