10e rencontre des réseaux de chaleur : un tournant historique pour la profession

10e rencontre des réseaux de chaleur : un tournant historique pour la profession

Ce mercredi 3 décembre se tenait la grande réunion annuelle des acteurs des réseaux de chaleur, organisée par l’association AMORCE. En plein débat sur la transition énergétique, elle a mis en perspective les grands enjeux de la filière et révélé la place que doit avoir l’usager pour garantir le déploiement d’un chauffage urbain vertueux.

« 2,5 millions de logements français sont dorénavant raccordés au chauffage urbain. Si l’on veut atteindre les objectifs du Grenelle 2, il faudra en connecter 6 millions de plus d’ici 2020. » Dès son discours d’ouverture, Serge Nocodie, vice-président d’AMORCE, donnait le ton. Les réseaux de chaleur sont à un tournant historique de leur développement, fortifiés par le projet de loi sur la transition énergétique qui prévoit de multiplier par cinq la part des EnR&R dans l’énergie livrée par ces réseaux. Ces enjeux posés, les acteurs présents ont défini plusieurs pistes pour, comme l’a répété Serge Nocodie, « avancer plus vite et plus fort ».

D’abord, il s’agira de « rendre les réseaux désirables pour l’usager », selon la formule de Rémi Chabrillat, directeur production énergies renouvelables à l’ADEME. Dans sa présentation du baromètre du chauffage en France, Guillaume Planchot, président de Via Sèva, notait en effet la faible connaissance des Français concernant les réseaux de chaleur tout en énonçant un paradoxe : « Un français sur deux pense que le chauffage collectif de ville est le chauffage d’avenir ». Pour le promouvoir, il apparaît aujourd’hui essentiel que l’usager en comprenne le coût global et cela passe par le décryptage de sa facture.

Autre défi : le financement. Lancé en 2008, le Fonds chaleur a été une aubaine pour la filière. Il permis le financement de 1 300 km de réseaux entre 2009 et 2013, mais ne sera pas suffisant si l’on souhaite poursuivre les développements en ce sens. Le président du SNCU, Thierry Franck de Préaumont, évoquait  « la mise en place de systèmes de régulation pour garantir la compétitivité des réseaux ». Par ailleurs, si l’on s’est beacoup polarisé jusqu’alors sur la construction et les bâtiments basse consommation, l’enjeu est dorénavant clairement le parc existant.

Enfin, les collectivités locales étant désormais en première ligne sur le déploiement des réseaux, il s’avère nécessaire de « mieux articuler les outils juridiques et financiers pour que les élus y voient clair », commentait Nicolas Garnier, délégué général d’AMORCE. Lors d’une table ronde présentant des exemples de bonnes pratiques, Ivy Mouchel, directeur de l’énergie de la communauté d’agglomération de Tours, insistait sur la qualité de l’outil que représente le réseau de chaleur en matière de politique énergétique locale : « Il est non seulement structurant pour la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, mais l’élu peut aussi, grâce à lui, agir sur le coût de l’énergie, élément moteur pour l’usager. » Là où la question environnementale doit rejoindre la problématique économique, le trio gagnant est donc clairement désigné : professionnels, usagers et élus locaux.

Lors d’une ultime table ronde, cette 10e rencontre a réuni les membres du Comité national des acteurs des réseaux de chaleur, soit huit organisations réunissant collectivités locales, usagers et opérateurs, venues présenter « 9 propositions au Gouvernement ». Celles-ci s’articulent autour de trois principes :
– un accès plus aisé aux données du service public de distribution de la chaleur ;
– un lieu de concertation avec les abonnés et les usagers du service ;
– une lisibilité du coût de la chaleur distribuée par les réseaux de chaleur.

Portées à l’attention de la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, certaines de ces propositions pourraient être intégrées au texte final de la loi sur la transition énergétique dont le véhicule législatif est en cours. « À l’heure de la transition énergétique et de la crise économique, les réseaux de chaleur constituent un enjeu de société auquel il n’est plus possible de ne pas impliquer l’usager », a commenté Serge Nocodie.

Crédit photo : Olivier Delahaye

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