L’Europe est déterminée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cet objectif ambitieux comprend la refonte de l’infrastructure de réseaux de chauffage qui irrigue nos villes et fournit de la chaleur à des millions de foyers. Originellement conçu dans une optique soviétique de solutions centralisées et largement mis en place dans les pays nordiques suite aux crises pétrolières des années 70, ce système couvre actuellement 12 % des besoins en chauffage et en eau chaude de l’UE, et jusqu’à 40 % dans des pays comme la Pologne.
Toutefois, dans les pays de l’Est de l’UE, le principal moyen de chauffage de l’eau reste le charbon, une réalité qui doit évoluer pour atteindre les objectifs de neutralité climatique. La décarbonisation du système de chauffage urbain est une tâche coûteuse et techniquement complexe. Pawel Szczeszek, président de la société polonaise de chauffage urbain PTEZ, estime que le coût pour la Pologne de se conformer aux exigences climatiques s’élèverait à plus de 90 milliards d’euros. Des villes comme Varsovie, dont le réseau de chauffage de 1 800 kilomètres sert 80 % des foyers, représentent un défi considérable.
Le temps est compté pour la Pologne et d’autres pays de l’Est de l’UE, où les combustibles fossiles jouent un rôle prédominant dans le chauffage urbain. D’ici 2028, les réseaux de chauffage devront utiliser un mélange de 50 % de déchets, 50 % d’énergies renouvelables ou 75 % de chaleur de cogénération provenant d’industries et de centrales électriques locales pour être considérés comme « efficaces ». Parallèlement, l’usage de la biomasse en remplacement des combustibles fossiles sera rendu plus difficile par des réglementations plus strictes. À partir de 2030, il n’y aura plus de soutien pour les nouveaux investissements dans des solutions utilisant des combustibles fossiles. De surcroît, le prix des crédits carbone devrait augmenter d’ici 2040, poussant les entreprises de chauffage urbain à se transformer. Cependant, la transition vers des sources d’énergie plus vertes est entravée par les exigences de l’UE en matière de mixité des combustibles.