Avant l’été, la chaudière biomasse de Clichy a dégagé des fumées noires inquiétantes qui culminent à 40 m du sol environ, suscitant ainsi beaucoup d’interrogations. Implanté non loin des quais de la Seine, cette installation qui est inspectée régulièrement par la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE), est en charge d’alimenter une partie du réseau de chauffage de la ville.
Selon le directeur général délégué de Coriance, formant le tandem Clichy énergie verte (Céve) avec Idex, Hubert Lhoir, il s’agirait d’une mauvaise combustion du bois suite à un manque d’air provoqué par une pièce défaillante chargée de réguler l’arrivée d’air dans la chaudière.
Lors du changement de la pièce, la chaudière a été arrêtée pour être remise en route le 4 juin. Un nouveau dégagement de fumée a été observé à ce moment-là. Un nouvel arrêt a donc été nécessaire afin d’effectuer les travaux de maintenance annuels ainsi que les réglages.
Selon le directeur délégué réseau d’Idex, Pierre Bourdarot, ils sont tenus de signaler à la préfecture ce type d’incident dès qu’ils surviennent. Bien que cette procédure soit automatique, la DRIEE a procédé à l’inspection des installations 2 jours plus tard. À l’issue de l’inspection, un rapport précisant que pendant plus de 16 jours consécutifs, l’exploitant n’a pas respecté des valeurs limites d’émissions mensuelles et que ce dernier n’a pas pris les mesures nécessaires pour assurer la réduction des pollutions émises.
S’appuyant sur ce rapport, la préfecture a adressé un arrêté préfectoral de mise en demeure demandant à Céve de se mettre en conformité dans un délai de 4 mois.
Aux responsables de Céve de rassurer les riverains en expliquant avoir répondu immédiatement aux exigences de l’arrêté préfectoral pour améliorer la surveillance et en cas de dépassement des seuils, d’être plus réactifs. Toujours selon les responsables, il s’agit d’un rejet de CO (monoxyde de carbone) ne pouvant être dangereux qu’en cas de très forte concentration dans un milieu confiné.
Selon Ludovic Planté, conseiller municipal d’opposition, les habitants doivent être informés. Il demande également à ce qu’un comité de suivi, associant les riverains, soit créé. Une demande qui a reçu une réponse favorable de la part du maire, Rémi Muzeau, qui a précisé dans son courrier adressé à son délégataire la suspension du fonctionnement des ouvrages et des installations si celui-ci ne se met pas en conformité. Sachant que les installations fournissent près de la moitié des habitants de la ville en matière d’eau chaude et chauffage.
Le bois ne représentait que 15 % des EnR utilisées par le réseau en 2018. Céve envisage, cependant, de doubler ce chiffre. À Hubert Lhoir d’expliquer que le réseau permet d’éviter le rejet de 11 500 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an. Ce qui fait de celui-ci un réseau de chauffage vertueux, malgré ces incidents exceptionnels.