Le marché des réseaux de chaleur en France compte près de 600 réseaux de chaleur et de froid qui fournissent une puissance annuelle d’environ 19 000 MWth. Les réseaux de chaleur et de climatisation desservent 3 millions de français, soit 6% du parc immobilier résidentiel et tertiaire.
Ce secteur représente un chiffre d’affaires cumulé de 7,5 milliards d’Euros et emploie plus de 22 000 salariés. Malgré un recul de 0,5% en 2015, stimulé par la politique de transition énergétique du gouvernement français, ce marché des réseaux de chaleur reste promis à un fort potentiel de développement.
On estime qu’il devrait doubler en taille dans les 15 prochaines années pour atteindre 12% du parc immobilier et tertiaire connecté à des réseaux de chaleur et de climatisation.
50% de la puissance est livrée en Île-de-France, et les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) représentent 40% du bouquet énergétique global.
Marché des réseaux de chaleur en France en 2015
En 2015, le chiffre d’affaires du secteur avait diminué de 0.5% en valeur (Xerfi); une diminution qui s’explique par une baisse des investissements des collectivités territoriales dans le secteur. Cette baisse étant en partie liée au désengagement de l’Etat dans ses financements des collectivités malgré des phénomènes de compensation liés au développement du fonds chaleur.
Cependant, la température moyenne de l’hiver 2015 (premier trimestre) a été plus basse que les années précédentes, ce qui a entraîné une hausse des dépenses de chauffage (+3,5%), et donc minimisé la baisse du chiffre d’affaires.
Les tarifs réglementés ont peu augmenté (+0.8% en mars), notamment en raison de la chute des cours du gaz naturel (-10%) sur l’année.
La géothermie s’est beaucoup développée, notamment en raison de sa forte disponibilité et de son important potentiel. Les politiques de soutien aux investissements en matière d’énergie renouvelables se sont développées également, notamment avec l’annonce du doublement du fonds chaleur en 2017.
Les investissements des collectivités territoriales ont eux été revus à la baisse en 2015 (-7,5%), en raison des coupes budgétaires et d’un fort niveau d’endettement.
Par quoi est impacté le marché des réseaux de chaleur en France ?
Selon une récente étude Xerfi de 2015, 8 facteurs déterminent l’activité des exploitants de réseaux de chaleur en France.
Cliquez pour le détail de chaque facteur.
+Les constructions de logements collectifs
Très logiquement, la grande majorité des réseaux de chaleur desservent des complexes d’habitation, notamment des logements sociaux. Le parc de logements collectif est donc un facteur déterminant pour le secteur du chauffage urbain. En 2015, on a observé une hausse de 1,8% par rapport à 2014. Cependant, 2014 avait connu une baisse de 4,4% par rapport à 2013.
Consommation énergétique des bâtiments
Les dépenses de chauffage sont fortement impactées par la qualité de l’isolation du bâti. Ainsi, avec les progrès en terme d’isolation et les incitations financières à la rénovation, le secteur du chauffage urbain est moins sollicité, car les besoins de chauffage sont moins importants. En théorie du moins. Car d’une part ce phénomène d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments va augmenter l’intérêt des réseaux de climatisation, mais les réseaux de chaleur vont, plus efficacement que beaucoup d’autres technologies, pouvoir jouer le rôle de stockage d’énergie, créant un environnement favorable à la croissance du marché des réseaux de chaleur en France.
Le soutien politique aux EnR (énergies renouvelables)
Si l’Etat a diminué ses aides au financement des collectivités, il met néanmoins en place une politique volontariste d’aide au marché des réseaux de chaleur. 40% du bouquet énergétique des réseaux de chaleur est fourni par les énergies renouvelables. Le fonds chaleur accorde une aide financière aux réseaux de chauffage urbain dépassant ces 40%. Le soutien politique aux EnR&R a été réaffirmé avec le doublement du fonds chaleur, qui devrait atteindre 420 M€ en 2017.
Les innovations en matière d’efficacité énergétique
A l’image des initiatives d’amélioration de la rentabilité des réseaux de chaleur qui sont prises dans les pays nordiques, les acteurs français du marché des réseaux de chaleur, afin d’augmenter la demande, font des efforts pour améliorer l’efficacité énergétique de leurs installations. Ces innovations permettent donc de stimuler l’intérêt et de soutenir l’activité.
L’évolution des conditions climatiques
Le marché des réseaux de chaleur et de climatisation est de manière logique affecté par les évolutions moyennes de température. Plus la température baisse, plus la demande en chauffage est importante, ce qui renforce l’activité sectorielle. De même, la recrudescence d’étés chauds favorisera la prise de conscience en faveur des réseaux de climatisation.
L’activité industrielle
Beaucoup de réseaux de chaleur et de froid alimentent des sites industriels. L’activité sectorielle est donc liée à la capacité industrielle française.
Les prix du chauffage et de la climatisation
Les tarifs du chauffage et de la climatisation sont réglementés pour les particuliers, et sont revalorisés une à deux fois par an. Pour les professionnels, les ventes sont soumises aux prix du marché.
Les investissements des collectivités
Les collectivités territoriales sont le principal investisseur en ce qui concernent les réseaux de chauffage et de refroidissement urbain. La baisse ou la hausse des montants investis influence donc fortement le marché des réseaux de chaleur en France.
Les prévisions pour 2016 (et au delà)
La consommation des ménages en terme de chauffage collectif, en 2016, est attendue à la hausse (+4%), notamment en raison de la hausse de construction de logements collectifs (+7,1%), qui seront en partie reliés à des réseaux (Xerfi).
En conséquence, on attend une hausse de 4% également du chiffre d’affaires des opérateurs, qui a connu des baisses successives en 2014 et 2015.
Tous les indicateurs sont favorables pour le développement du marché des réseaux de chaleur en France pour les années à venir. On attend :
- une hausse des dépenses de chauffage ;
- une hausse de la production manufacturière en volume (+2%) ;
- un regain des investissement des collectivités territoriales ;
- une augmentation du parc de logements collectifs en France ;
- une hausse des mises en chantier de logements collectifs (+7,1%) ;
- une hausse des tarifs réglementés du chauffage urbain.
Le potentiel des réseaux de chaleur en France
La carte ci-dessous vous permet de réaliser le potentiel de développement futur des réseaux de chaleur, par rapport à 2012.
En passant votre souris sur la région de votre choix, vous pourrez obtenir deux types d’informations :
– le potentiel de développement des réseaux dans la région par rapport à 2012 ;
– l’augmentation possible des livraisons de chaleur par les réseaux, nouveaux ou non, en millions de kWh (Source : SNCU 2015).
On voit donc que les réseaux de chaleur et de climatisation ont un fort potentiel de développement pour les 15 prochaines années, à mesure que les pouvoirs publics mettent en place des incitations financières et que la prise de conscience des élus en faveur de ces solutions permet de faire avancer ces projets.
En février 2016, l’Union Européenne, au travers de sa stratégie de chauffage et de refroidissement, a mis en avant les réseaux de chaleur comme un pivot de la transition énergétique.
Tous les acteurs du secteur devraient donc connaître une forte croissance pour répondre à cet enjeu majeur des villes de demain !